Le 9 octobre 2010
avec le chœur Ex Arte
La première version du Magnificat en sol mineur de Vivaldi fut sans doute écrite pour le Pio Ospedale della Pietà vers 1715.
Elle nous est parvenue grâce à une copie effectuée pour le monastère cistercien d’Osek peu de temps après.
Vivaldi la révisa dans les années 1720, retouchant les parties de ténor et de basse — afin de les adapter à des voix d’hommes — et ajoutant une paire de hautbois.
Le mouvement correspondant au tercet Sicut locutus est fut considérablement prolongé de façon à donner aux hautbois un rôle obbligato.
Vivaldi consigna des instructions sur la partition de cette seconde version (RV610), assignant chaque mouvement à l’un ou l’autre des cori (ou aux deux).
L’œuvre demeure cependant strictement « monochorale » dans sa conception musicale et rien ne justifie l’emploi de deux cori.
Le Magnificat se distingue par sa concision. Étant donné qu’il s’agit de la mise en musique d’un cantique chanté systématiquement lors des vêpres, il était destiné à être répété maintes et maintes fois, et c’est peut-être la raison pour laquelle Vivaldi choisit de respecter une telle retenue.
L’œuvre s’ouvre — de manière frappante — sur le fameux passage chromatique du premier couplet. Vient ensuite une aria a tre, mouvement dans lequel le texte de chacun des trois couplets suivants est chanté par une voix différente.
Le chœur fait une brève apparition avec la répétition de omnes (tous) de l’alto. Cette section est suivie du mouvement le plus long et le plus marquant de l’œuvre, un chœur sur Et misericordia eius. Vivaldi exprime ici une intense émotion à travers une musique chromatique et des intervalles mélodiques « angoissés », notamment la septième majeure. Les deux couplets suivants donnent lieu à des mouvements choraux : Fecit potentiam ; évoque de façon spectaculaire la force du Seigneur sur une ligne de basse merveilleusement fournie ; le puissant est délaissé et l’humble exalté d’une manière graphique.
Pour illustrer les mots « faim de bonnes choses », Vivaldi introduit un touchant duo de soprani soutenu par un pénétrant motif ostinato à la basse. Le Suscepit Israel donne lieu à un bref interlude menant au tercet Sicut locutus est, un mouvement étonnamment joyeux qui ressemble peu à l’hommage solennel aux aïeux bibliques qu’inspire généralement ce couplet.
La doxologie commence par une version condensée des premières mesures de l’œuvre (les possibilités paronymiques du passage « comme ce fut au commencement » ne sont pas négligées), suivie d’une fugue double énergique conformément à la tradition.